Jary F. Mory.

L’utilisation de l’objet quotidien par les créateurs de ce siècle a pris des formes diverses, mais tendant chaque fois à remettre en question les frontières entre l’art et le réel. L’acquisition fortuite d’un cahier calligraphié et illustré, signé du seul nom de Lydia Jacob, fut pour Raymond Waydelich le point de départ, en 1973, d’un cycle d’œuvres en lesquelles il recueille les traces de cette figure d’un autre siècle, par des voies où l’art procède à la manière d’une archéologie-fiction. La pièce acquise par le musée, issue de la « Lydia Jacob Story », assemble des objets de provenance et de nature différentes mais emblématiques d’un épisode obscur de cette biographie ou encore d’un personnage et de son récit généalogique. Toutefois, cette dimension imaginaire est paradoxalement « probabilisée » par la densité et la complexité plastique d’une œuvre qui élabore des reliquaires de figures sans visages mais, aussi bien, une présentation méthodique de l’absence retirée dans les plis bleutés du temps lointain, marquée de traits divers de vétusté, exposée, comme l’indiquent les « fausses ombres », dans une lumière qui n’est plus uniquement la nôtre. De telles perturbations, soigneuses et ironiques de la perception et de l’interprétation provoquent chez celui qui regarde une sollicitation de sa mémoire et de son imagination, une interroga­tion multiforme que donne ainsi à partager le talent génér eux et joueur de R.E. Waydelich.