Mystère d’Isis.

Le musée Bartholdi, à Colmar, s’est enrichi d’une exceptionnelle et monumentale stèle cintrée en terre cuite, signée et datée « A. Bartholdi – 1874 », une oeuvre insoupçonnée, unique et non documentée , de surcroît, une oeuvre à secret. Deux éléments distincts composent la sculpture : une niche dans laquelle s’inscrivent trois personnages masculins en pied, sur fond d’architecture évoquant l’Egypte antique , un phylactère déroulé, inscrit de caractères pseudo-hiéroglyphiques dont certains « imitent » des lettres de notre système alphabétique de même que des chiffres arabes et se lisent: Mystère d’Isis – 1874, soit l’intitulé de l’œuvre. Ce titre, l’attitude et le comportement des personnages, les éléments du décor dans lequel ils sont campés concourent à interpréter la scène figurée comme celle d’une initiation maçonnique. Si même la p robabilité est grande que le personnage debout à droite du monument soit une représentation de Bartholdi soi-même, l’on ne saurait conclure que Mystère d’Isis se réfère à l’initiation du sculpteur, qui n’eut lieu qu’en 1875. Or celle-ci, de fait, est pour ainsi dire « consubstantielle » à la création de l’Union Franco-Américaine (1874) et au projet que cette association entend mener à terme: la construction de la Statue de la Liberté. De nombreux indices attestent de l’implication des Francs-Maçons dans la prodigieuse aventure et, depuis fort longtemps, l’on a reconnu les symboles maçonniques ou liés à la Maçonnerie que manifeste La Liberté éclairant le Monde, statue allégorique polysémique. Mystère d’Isis, non seulement témoignerait des liens qui unirent l’Union Franco-Américaine – dont Bartholdi était membre – et la Franc-Maçonnerie dans le processus de l’à©laboration de la statue célèbre, mais encore révèlerait, in aenigmate, le nom secret et sacré de l’effigie, savoir Isis, Mère universelle, législatrice et rédemptrice, sous l’apparence d’une femme drapée à l’antique, couronnée de rayons, luciphère, détenant la table de la Constitution américaine et foulant les chaînes brisées de l’esclavage, allégorie « officielle » – républicaine et laïque – de La Liberté éclairant le monde.