Sans titre

La renommée de Jean-Charles Blais, né à Nantes en 1956, est devenue internationale. Après avoir fait, de 1974 à 1979, des études à l’Ecole des Beaux-Arts de Rennes, il partagea dans cette ville un atelier avec le sculpteur Peter Briggs. Il participa à une première exposition de peintres figuratifs français, organisée par Bernard Lamarche-Vadel, en 1981. En été de la même année, il s’installa à Paris et fit sa première exposition personnelle à la Galerie Yvon Lambert puis au C.A.P.C. de Bordeaux. Depuis 1983, les œuvres de Blais sont présentes un peu partout dans les expositions internationales. Il est l’un des représentants les plus célèbres de la jeune peinture figurative qui s’est développée en France au début des années quatre-vingt. L’art de Jean-Charles Blais repose sur un acte d’appropriation d’éléments usagés et quotidiens: couches d’affiches superposées, arrachées du mur, panneaux publicitaires, cartons … C’est sur ces revers d’affiches retirées des palissades que Blais peint en creusant les couches épaisses, en utilisant les boursouflures du papier, et en traçant des formes sur la totalité de la surface disponible. Les images ainsi créées sont toujours anthropomorphes: images d’hommes, démesurés, gigantesques, boursouflés, pesants, évoquant à la fois les figures de Malevitch, du Picasso des années vingt, ou de Léger. Entre ces représentations d’une humanité mal dégrossie et la « grossièreté » du support, existe une intime correspondance, renforcée par la composition qui respecte, semble­-t-il, la médiévale « loi du cadre ». Blais, en effet, plie, contorsionne, étire ses personnages et ses motifs en fonction de la forme aléatoire du s upport. Dans l’œuvre « Sans titre » particulièrement puissante du musée de Strasbourg, ce qui émerge du support massif en forme d’équerre est une effigie acéphale, figure mythique renvoyant à la violence de l’homme. Le mouvement et l’effort ne sont, ni détournés, ni arrêtés par la tête, et la force est d’autant plus grande qu’elle est aveugle.