Présentation
Si quelques regroupements ou communautés de chré¬tiens réunissant hommes et femmes sont connus en Oc-cident dès le second siècle, notamment à Lyon, Vienne, Trèves ou Rome, les premières expériences cénobitiques occidentales ne se développent réellement qu’à partir de la seconde moitié du IVe siècle. Cette période a été mar¬quée par quelques penseurs, dont le nom reste associé au paléomonachisme occidental, parmi eux les pères de l’Église Isidore de Séville, Augustin d’Hippone, Benoît de Nursie, Césaire d’Arles, Martin de Tours, Honorat de Lérins, Cassien de Marseille, et leurs adeptes du Jura, Romain, Lupicien et Oyand.
Le monachisme qui participe amplement à l’évangéli¬sation de la Gaule à partir des dernières décennies du IVe siècle se met alors en place, généralement, sous le contrôle de l’évêque, dans les chefs-lieux de diocèses, autrement dit dans les centres administratifs de la Ro¬mania. Il s’agit donc, pour l’essentiel, d’un mouvement urbain ou périurbain, qui se développe à partir de lieux de culte initialement installés à proximité de cimetières antiques et qui contribue à faire de la ville, telle qu’elle est alors pensée, une ville sainte. Concernant l’Est de la France actuelle, on les trouve associé à des sépultures épiscopales des IVe, Ve et VIe siècles bien qu’elles ne soient signalées, pour la plupart, pas avant le début du VIIe siècle.
Hors de la Gaule, et tout particulièrement en Italie dans le courant du IVe siècle, des évêques – Eusèbe à Verceil (Piémont), Ambroise à Milan (Lombardie) ou encore Paulin à Nole (Campanie) – font le choix de vivre en communauté avec leur clergé. Cette autre forme de mo¬nachisme est érigée en règle par saint Augustin, évêque d’Hippone (Tunisie) de 395 à 430, qui l’impose aux prêtres de son entourage. Elle ne trouve cependant un réel écho que tardivement, lors de la réforme carolin¬gienne de l’Église, puis, sous l’impulsion du pape de la première croisade, Urbain II, avec la création des cha¬noines dit de l’ordre de Saint-Augustin, dont un prieuré occupera le sommet du Saint-Mont.
Fig. 1 – Carte de diffusion de l’idéal monastique IVe siècle (© Charles KRAEMER)
1 – Héraklépolis, Antoine, v. 300 ; 2 – Tabenisse, Pacôme, v. 321 ; 3 – Verceil, Eusèbe, v. 340 ; 4 – Amisos, Basile de Césarée, v. 360 ; 5 – Ligugé, Martin, v. 360 ; 6 – Marmoutier, Martin, v. 370 ; 7 – Nôle, Paulin, 394. Ve siècle : 8 – Lérins, Honorat, v. 400 ; 9 – Marseille, Jean Cassien, v. 400 ; 10 – Hippone, Augustin, v. 400 ; 11 – L’ile Barbe, Ve siècle ; 12 – Armagh, Patrick (?), 444; 13 – Condat (Saint-Claude), Lauconne (Saint-Lupicin), Balme (Pratz), Romain et Lupicin, v. 450 ; 14 – Romainmôtier, v. 450 ; 15 – Kildar, Brigitte, v. 484. VIe siècle : 16 – Arles, Césaire, 512 ; 17 – Saint-Maurice-en-Valais, 515 ; 18 – Mont-Cassin, Benoit de Nursie, v. 530 ; 19 – Vienne, 543 ; 20 – Poitiers, Radégond, 552 ; 21 – Vivarium, 555 ; 22 – Cleenish, VIe siècle ; 23 – Bangor, Comgall, 559 ; 24 – Iona, Colomba, 563 ; 25 – Reims, Sigisbert, 560-590 ; 26 – Annegray, Luxeuil, et Fontaines, Colomban, 592 ; 27 – Bobbio, Colomban, 613.
